1. Généralités

Les incendies constituent le genre d'accident majeur qui survient le plus fréquemment, dont les causes sont les plus diverses et exigent des méthodes et une technique d'intervention adaptées aux conditions et aux contraintes de chaque événement.
Selon le genre d'incendie (nature des biens enflammés), les conditions météorologiques (vent) et l'impact de l'intervention, les effets dommageables resteront circonscrits à des secteurs limités (un seul objet, par exemple: véhicule isolé, immeuble ou installation de production ou de stockage) ou alors s'étendront sur de vastes surfaces (p. ex.: feux de forêts ou de cultures agricoles, entrepôts ou conduites d'hydrocarbures, de gaz ou d'autres produits inflammables, installations portuaires et moyens de transport maritimes ou ferroviaires). Les explosions constituent un domaine particulier.
Chaque type d'incendie fait l'objet de prescriptions techniques particulières concernant la prévention, la protection, l'intervention et le comportement de la population sinistrée. Il sied en outre de relever que de nombreux incendies ont une origine criminelle et qu'en cas de conflit armé de même qu'en cas de crise et de guerre indirecte (attentats, sabotages) les interventions humaines s'ajoutent aux accidents majeurs.
Pour des raisons pratiques, on ne peut mieux faire que renvoyer à la documentation technique qui devrait être connue ou à la disposition de tous les services de sécurité et de lutte contre le feu, ainsi que des centrales nationales et régionales d'alarme et d'information pour le cas de catastrophe.
C'est notamment le cas pour les sauvetages et extinctions sur les autoroutes ; les bâtiments destinés à recevoir un grand nombre de personnes (hôpitaux, hôtels, cinémas, écoles, maisons- tours, magasins à grandes surfaces, etc.) ; les feux de cheminées, de combles, de cotons (balles, vrac, poussières explosives) ; de fourrage (fermentation) ; les incendies d'entrepôts de grande hauteur et de silos ou de garages souterrains, ainsi que les feux de forêts. Tous ces types d'inter¬vention font l'objet de règles spéciales.

 

2. Mesures de prévention et de précaution

Les incendies peuvent se développer de manière plus ou moins rapide selon les causes, la nature des matières et des biens, l'équipement contre l'incendie (automates/sprinklers), les conditions météorologiques l'information et l'initiative de la population ainsi que la rapidité et l'efficacité de l'organisation et des moyens de lutte contre le feu.
Au vu des expériences, la prévention prend une dimension très importante et comporte deux volets distincts. D'une part, la responsabilité primaire incombant aux autorités politiques insti¬tuée^ pour la mise en vigueur de prescriptions légales concernant la protection contre l'incendie, la prévision des sinistres, l'information du public ainsi que la préparation des mesures et moyens de lutte contre le feu et les explosions.
D'autre part, le comportement responsable de chaque individu découlant de l'éducation personnelle à la prudence et respect des règles de comportement face au feu. A cela s'ajoutent la détermination et le contrôle de l'application des normes particulières de protection contre le feu concernant chaque entreprise présentant un danger potentiel, voire même la formation du personnel de sécurité.
En raison de la diversité des genres d'incendie et des mesures de prévention et de précaution qui s’y rapportent, il apparaît judicieux de se limiter à l'énoncé des mesures spécifiques incombant aux autorités politiques dans un seul de ces domaines, à savoir celui des «feux de forêts». Ce genre d'incendie présente une importance majeure pour les Etats en développement en particulier, et les principes de prévention y afférents comportent une valeur représentative générale, soit:
- Organisation d'un service d'observation, de prévention et d'alarme (service de sécurité) aux niveaux local et régional;
- Mise en vigueur d'une législation réglementant l'emploi du feu pour l'ensemble des personnes se trouvant à l'intérieur ou à la lisière des forêts, plus particulièrement ce la part des propriétaires et des individus ayant une activité professionnelle dans des zones sensibles;
- Planification et préparation concrète (entretien périodique) de la lutte contre le feu par un aménagement adéquat du territoire et une sylviculture appropriée limitant les dangers de propagation du feu (alternance des végétaux, débroussaillage, élagage), par la création et l'entretien de chemins d'accès (extinction) et de bandes pare-feu, ainsi que par l'équipement anti-incendie, tel que réserves d'eau (conduites/citernes), postes-vigies et postes météorologiques, ainsi que la construction d'aires d'atterrissage pour hélicoptères;
- Surveillance et détection des feux dès que le danger d'incendie est prévu par le service météorologique ad hoc (dispose de stations statistiques automatiques ou mobiles chargées d'observer le vent et la végétation : sécheresse, force, direction, évolution);
- Mise en œuvre d'un plan d'alarme dès que le danger d'incendie s'aggrave (dispositif d'intervention de base), qui implique l'engagement des détachements d'intervention préventifs (sapeurs-pompiers) et leur décentralisation au plus près des zones menacées ainsi que par la préparation à l'engagement des bombardiers d'eau et des aéronefs spécialisés disponibles;
- Préparation et concrétisation (organisation) du dispositif d'intervention, ce qui exige la mise en place d'organes de conduite spécialisés assurant la coordination de moyens de lutte contre les feux de forêts aussi puissants que compétents (instructions). La gestion de la préparation de même que la coordination de l'engagement des moyens d'intervention et du service d'information et d'alarme des autorités et de la population exige la mise à dispo¬sition d'un réseau de transmissions fiable (réseau radio);
- Planification de l'évacuation des populations éventuellement menacées dans les différentes zones sensibles, notamment en cas de risque d'explosion (réservoirs et conduites de gaz, dépôts d'explosifs ou de munitions, installations de production, de manipulation ou de transport d'hydrocarbures, d'autres matières dangereuses, etc.).

 

3. Mesures d'intervention et de secours

Les moyens d'intervention sont engagés de manière coordonnée à l'échelon local, régional ou transfrontalier en considération de la gravité de l'événement. Le facteur temps et la qualité de l'intervention revêtent une importance déterminante. La lutte contre l'incendie tout spéciale¬ment réclame d'être à même de disposer au moment opportun et à l'endroit voulu de moyens d'intervention substantiels engagés aussi rapidement que possible. Les chances de succès sont d'autant plus grandes que le feu est faiblement développé.
D'une manière générale, la mise en œuvre des mesures de lutte contre le feu et les explosifs incombe aux autorités communales, qui disposent à cet effet des corps de sapeurs-pompiers (professionnels ou bénévoles), renforcés des moyens civils et militaires disponibles. Mais il demeure évident que la maîtrise des incendies majeurs et des feux de type particulier, ce même que la gestion d'explosions particulièrement graves exigent l'appui technique de professionnels et d'experts, notamment lors d'émissions toxiques ou radioactives.
Le cas échéant, ces renforts doivent être mis à disposition au niveau régional ou national. Si les moyens d'intervention nationaux se révèlent insuffisants pour assurer la protection et le sauve¬tage de la population et de l'environnement, le gouvernement de l'Etat sinistré devrait faire appel à l'aide internationale d'urgence (UNDHA).
En ce qui concerne les «feux de forêts», les procédés d'extinction sont logiquement adaptés aux possibilités techniques des Etats et secteurs sinistrés. Il est encore fréquemment fait appel à l'ancien système du «battage des flammes», qui nécessite beaucoup de main d'œuvre, de courage et de civisme, avec des chances de succès aléatoires. Dans les pays développés, les procédés d'extinction recourent de plus en plus à l'usage de l'eau, généralement complétée d'additifs chimiques {retardant ou moussant). Les techniques d'intervention sont dès lors adaptées en conséquence et font appel à du personnel très compétent, disposant de matériel particulièrement mobile et rapide : véhicules tout-terrain, motopompes, tonnes-pompes, camions citernes, canons à eau, aéronefs (bombardiers d'eau, avions ou hélicoptères de capaci¬tés diverses).
Le personnel est donc constitué par des sapeurs-pompiers formés d'une minorité de profes¬sionnels (cadres) et d'une majorité de volontaires. La mise en œuvre de ce potentiel constitue une opération stratégique et opérationnelle nécessitant un organe de conduite compétent disposant de moyens de commandement fiables. La coordination des différentes mesures de protection, de secours et d'assistance, ainsi que la coopération de l'ensemble des moyens et services constituent la clé du succès. Du fait de la similitude des effets dommageables dus à une explosion et de ceux inhérents à un séisme (effets directs et secondaires), il apparaît indiqué d'appliquer les mêmes principes d'intervention et de secours pour ces deux types de catastrophes, notamment en ce qui concerne la tactique d'intervention, la structure de conduite et le dispositif de catastrophe.

 

4. Principes de comportement de la population

4.1 Précautions générales et mesures de prudence lors d'un danger potentiel

- Mettre les allumettes et les briquets hors de portée des enfants et leur inculquer la prudence à l'égard du feu et des objets inflammables;
- Ne conserver aucun produit inflammable à proximité d'une source de chaleur (alcool, benzine, réserve de gaz, papier, tissu, végétaux desséchés, etc.);
- Prendre connaissance des instructions pour le cas d'incendie, s'informer des mesures de protection, connaître les installations d'adduction de gaz et d'électricité et savoir se servir des installations domestiques de lutte contre le feu (extincteur, conduites et lances d'extinc¬tion, etc.);
- Lors de manipulation, d'écoulement ou d'émanation de produits inflammables ou toxiques (essence, alcool, gaz, etc.), cesser de fumer, ne pas faire de feu et ne pas mettre en fonction les appareils électriques ou les machines provoquant des étincelles;
- Connaître le numéro d'appel téléphonique du service du feu, de la protection civile ou de la police;
- Respecter les interdictions de séjour, de faire du feu ou de fumer durant les périodes de sécheresse (forêts, cultures, installations agricoles, habitations de bois, etc.) ou ce vents violents (foehn, etc.);
- Se conformer aux prescriptions, règlements et ordres des autorités, de leurs organes de contrôle et des représentants du service du feu ou de la police.

 

4.2 Pendant la catastrophe

- Agir de manière calme et réfléchie, éviter la panique;
- Appeler les secours en alarmant tout d'abord les sapeurs-pompiers (service du feu) et en précisant le lieu exact (localité, rue, numéro, le genre de sinistre, puis en indiquant le nom et l'adresse de l'auteur de l'appel);
- Avertir immédiatement les personnes en danger et les responsables de la sécurité de l'immeuble ou de l'entreprise, spécialement dans les lieux publics;
- Essayer de sauver les personnes et les animaux en danger (envelopper les personnes dont les habits sont en feu dans des couvertures ou des manteaux et les rouler au sol);
- Eviter les appels d'air en fermant portes et fenêtres, ainsi qu'en interrompant la ventilation;
- Quitter les lieux par les voies d'évacuation (escaliers, sorties et issues de secours) sans utili¬ser les ascenseurs;
- Si les cages d'escaliers et corridors sont enfumés, rester dans l'appartement, fermer la porte en l'arrosant fréquemment et en la calfeutrant avec des tissus mouillés. Manifestez votre présence aux fenêtres (sans les ouvrir);
- Si vous vous trouvez dans un local enfumé, tenez-vous près du sol où se trouve l'air frais;
- Combattez l'incendie avec les moyens disponibles (extincteurs, hydrants intérieurs, arrosage avec les récipients en utilisant la baignoire ou l'évier comme réservoir improvisé);
- Eteignez les feux d'huile ou de graisse (liquides ou récipients en feu) en les couvrant d'un linge humide. Si un appareil électrique s'enflamme, coupez immédiatement le courant et retirez la fiche;
- Renseignez et guidez les sapeurs-pompiers ou les autres sauveteurs et conformez-vous à leurs directives.

En cas de «feu de forêt»:
- Evacuez votre maison si elle est de construction légère;
- Ouvrez le portail d'accès à l'immeuble pour faciliter l'arrivée des secours;
- Fermez les bouteilles de gaz situées à l'extérieur et éloignez-les de la maison (à l'écart des voies d'accès);
- Abritez les véhicules, vitres fermées, contre la façade opposée au vent;
- Rentrez les tuyaux d'arrosage, qui seront utiles après le passage du gros de l'incendie;
- Fermez les volets et les portes d'entrée après vous être réfugié dans la maison avec toute votre famille, les animaux domestiques et en accueillant le cas échéant les sans-abri et fuyards;
- Gardez votre calme, même si la fumée pénètre dans la maison et malgré le calfeutrage des portes et fenêtres;
- Surveillez l'évolution de l'incendie et de la situation extérieure par une porte ou une fenêtre située dans la façade opposée au vent (le feu se déplace à la vitesse de 20 à 30 m/min).

 

4.3 Après le passage du gros de l’incendie

- Ne sortez de la maison que si toutes les parties du corps sont protégées (chaussures en cuir, gants, chapeau, vêtements en tissu non-synthétique);
- Contrôlez votre maison et éteignez les parties qui se sont enflammées (portes, volets, toit, etc.);
- Inspectez la toiture, la charpente, les combles et éteignez les braises qui se seraient infil¬trées sous les tuiles et par les orifices (utilisation du tuyau d'arrosage ou des récipients d'eau);
- Arrosez la végétation environnant la maison et éteignez les flammèches;
- Aidez les voisins et les personnes en difficulté (premiers secours);
- Conformez-vous aux ordres des sapeurs-pompiers et des représentants de l'autorité.